Le marché et les applications du contenu génératif : quelques réflexions
OpenAI (ChatGPT) va littéralement changer la phase d’Internet, ce qui est en train de se produire
Il va y avoir une énorme “révolution” entre Internet en 2023 et Internet en 2024
Ce n’est pas vraiment une surprise le boom de plugins qui servent de connecteurs a n’importe quelle application. On a déjà pu voir plusieurs versions comme par exemple l’intégration des outils bureautique MSOffice. Mais c’est rien du tout à côté de ce qui est en train d’arriver. Ces outils (plugins) seront partout, dans le moteurs de recherche, dans les technologies Open-source comme WordPress e dans les applications propriétaires tels que Adobe CC, etc. Ce générateurs de contenu évoluent très vite et permettrons de générer des contenus du plus en plus “réels” et “créatif”: images, dessins, photos, présentations, musique, vidéos, audio, etc. De plus, plusieurs outils en ligne, sont déjà extrêmement bien conçu et aident les utilisateurs à générer du contenu via des exemples et des options déjà intégrés. Ils offrent des interface intuitive et user-friendly (UX), comme un jeux virtuel, avec leurs version “gratuite” (pas vraiment, car plus nous les utilisons, plus ces outils s’améliorent avec nos inputs, choix, etc.) et leur version “premium” afin d’avoir plus d’option et marge de manœuvre.
La première phase a déjà démarré, celle qui touche aux plugins, les services en ligne (SaaS) se développement très vite. Les grosses entreprises, comme toute nouveauté, vont suivre la tendance afin d’arriver sur le marché le plus vite possible. Le but est de s’emparer de la part du gâteau le plus vite possible, du simple utilisateur, aux gestionnaires de contenus de toute sorte, jusqu’aux grandes entreprises. Le métiers qui vont suivre cette tendance vont toucher au départ toute sorte de “créateurs”, mais surtout le domaine du marketing digital, le e-commerce, les agences de publicité, d’identités visuelle, branding, etc.
Pour ces start-up de développeurs IA l’argument (slogan) qu’on trouve à chaque fois sur leurs plateformes est:
Pourquoi engager des graphistes, des créateurs, des rédacteurs quand l’IA peut générer du contenu à moindre prix, mieux et en très peu de temps? Certes, uniquement ceux qui seront les plus créatifs pourront survire à ces métiers.
Tous les entrepreneurs sont entrain de créer des plugins et des API de tout genre pour saisir cette opportunité en déployant tous les services imaginables. La phase de création massive. Mais surtout ce qui va changer radicalmente, c’est notre interaction avec internet.
Les grandes et moyennes entreprises, vont vouloir aller très très vite (toujours plus vite). Elles sont prête à payer le prix de la rapidité et la puissance de cette technologie. En plus d’amortir l’investissement initial, après seulement un an, les ventes ont déjà atteint plusieurs milliards, car les GAFAM ne vendent pas uniquement des abonnements mensuels aux utilisateurs, mais aussi les milliers de services qui y sont liés.
Ensuite on voit émerger des personnes qui offrent des cours IA “pour les nuls“, des jeunes qui postent des vidéos ridicules avec plein de cash sur la table et leur bagnole de luxe qu’ils ont pu s’acheter grâce au nombre de followers qu’ils ont, les écran de leur smartphone qui montrent comment avec des API IA on devient riche en 1 jour, des billets de banque qui tombent du ciel, des cours sur comment faire de l’argent facile (“sans travailler au sens propre”) avec une “simple connexion internet et un smartphone”, des SCAM sous forme d’articles de presse pour des plateformes de jeux en ligne qui usurpent les noms de E. Musk ou de OpenAI, des plateformes qui vendent des prompt, des influenceurs(euses) qui créent des contenus via des templates prédéfinis pour les réseaux sociaux (Instagram, TikTok, Youtube, etc.). Un vrai effet boule de neige dans la tendance des nouveaux formats appelé “shorts” (vidéos courtes de 1-3 minutes) qu’on “scroll” à longue des journée où 90 % du contenu est constitué de contenus déchets (“trash”) qui abrutissent l’utilisateur incapable de discernement en le rendant inévitablement dépendant (hypnotisé).
Bref, du tout et du n’importe quoi, on est juste au début. Au fond, des révolutions de la sorte ont toujours existé, de la révolution industrielle, à la création de machines, la robotisation des tâches routinières, etc. Mais la différence du tout numérique lié à l’AI a tout un autre approche et une grosse différence: le tout va très vite. Non seulement l’IA repose sur des serveurs très puissants (le calcul est fait avant de renvoyer le résultat, il n’y a pas de requête in/out), mais prévoit déjà des ordinateurs quantiques (théoriquement possible mais très complexe à réaliser). Derrière tous ces milliards investis par les GAFAM, il y d’autres investissements qui touchent à des domaines plus délicats, plus complexes et souvent controversé.
- IA dans la médecine et les robots dans les salles d’opération
- IA dans la courses aux armements
- IA dans les moyens de transport
- IA dans nos cerveaux ? Neuralink, implanter des puces dans le cerveau pour améliorer le quotidien des individus.
On arrivera en premier conquérir l’espace, que trouver des remèdes contre des maladies rares, comme le cancer, les maladies génétiques et “invisible” par exemple. La Loi du marché reste le même, le profits et les intérêts avant les problèmes essentiels pour sauver la planète (nous): écologie, énergie, guerres, sécheresse, faim dans le monde, injustices sociales, réchauffement climatique, pollution, etc. On en parle en boucle, mais que fait-on sur le terrain ?A quelle vitesse ? L’émergence de nouveaux termes de vente très à la mode tels que “Green”, Eco-responsable” ou “Bio”… des termes devenus à la mode pour les mêmes objectifs marketing appelé “Washing”.
La réflexion de Jean-Christophe Rufin (médecin, écrivain et diplomate français)
Très tôt, j’ai été en contact avec le drame, la douleur et la mort (…) J’ai eu besoin de partager (…) J’ai choisi plutôt d’inventer des histoires. Pourtant rien de ce que j’ai écrit n’est étranger à mon expérience, mes écrits sont fait de chair et de portraits, d’émotion et de paysages dont tous ont été apportés par la vie. Il ne faut pas qu’il en soit autrement.
Quand je vois les magiciens du numérique s’attaquer à la littérature, je ne ressens pas seulement un malaise, mais une révolte profonde car le fait de réécrire des romans par chat-bot ou d’autres outils et qui trouvent des éditeurs suffisamment stupide pour les publier (…) Les nouvelles technologies, cette entreprise de plagiat, finira par être suffisamment performante pour devenir crédible, et ce qui nous sera retiré alors sera notre dernière liberté, celle de créer des histoires par la seule magie, avec un stylo et une conscience libre, celle de témoigner du monde et peut-être de le transformer (…) la littérature doit rester humaine.
Mon premier approche et ma réflexion personnelle
Comme toute nouveauté, je garde du recul et j’observe, je tâte le terrain et je constate. L’IA n’est pas “intelligent en soit” bien entendu. On interroge des super ordinateurs (pas encore quantiques) comme s’ils étaient des humains. L’IA fonctionne sur des algorithmes mathématiques et linguistiques très complexes qui puisent leur sources dans des données, meta donnés, messages vocaux, images, photos, videos et textes que nous avons mis à disposition sur le “Cloud” (comme par exemple WikiPedia, articles de journaux, etc.). Cela va encore plus vite et de façon exponentielle pour améliorer les “machines learning” de l’IA. Nous avons été et nous resterons toujours le produit des GAFAM…
A présent, les réponses de ChatGPT ne sont pas adaptés à tous les domaines, les réponses seront toujours “rationnelles” (ou binaires). On peut prendre une question, une phrase, une problématique, le questionner et le re-questionner, mais cela n’est pas l’équivalent d’un cerveau humain avec son abstraction, imagination, sa créativité non rationnelle, ses pensée subjectives. A ce stade, l’IA est un tableau x vecteurs, un vecteur, un pointeur dans des algorithmes, une sorte de “pilote automatique” qui analyse des schémas (“patterns“).
La créativité générative assistée par ordinateur donne une infinité de possibilités, des résultats instantanées surprenants, presque au-delà de notre imagination: à ce stade on peut considérer que le résultat c’est bien de l’art, mais qui en est réellement le créateur ? L’utilisateur landa ou la machine ?
Nous avons toujours fait grandir cette masse d’informations (données) mises en libre accès sur les réseaux sociaux, sur nos forums, sur nos blogs, sur nos sites web et, avec l’IA, cela ne cesse de croître. Nous vivons déjà dans un système standardisé, encadré, conformiste (bien avant l’invention de la télévision). Et puisque nous n’allons pas renoncer à utiliser ces outils, peu importe si à bon ou mauvaise escient, nous sommes d’or et déjà contraint à les connaître dans tout corps de métier, dans notre quotidien (comme les outils bureautiques MSOffice de l’époque). La machine nous dictera comment nous devront nous exprimer, la forme, le cadre et le type de langage à adopter.
Nous ne pouvons pas prédire l’avenir, rien ne sert de se préoccuper de la “fin d’une civilisation“. IA comme un outil de travail mais pas comme un outil de propagande, pas pour propager des deep-fakes (ce que les développeur des API appellent les deep-reels), l’IA pour influencer a acheter n’importe quoi et à n’importe quel prix (marketing digital). Dès le départ, le business model d’Amazon était de “vendre au prix le moins cher en livrant le plus rapidement possible“. La force de Amazon c’est ses usines à emballages (sur mesure pour chaque produit) et les livraisons ultra rapides. AWS (Amazon Web Services) détient les services Cloud de 40% de l’Amérique, dont ceux du gouvernement américain.
Vendre à tout prix et faire plus de chiffre possible à court terme. Après on s’occupera des effets secondaires du commerce du jetables (les alarmes sonnent après les bombardements). La FastFashion, la FastFurniture, la FastBouffe (FastFood), les déchets textiles et toxiques, l’ “Ubérisation” des services, les matières premières, l’énergie thermique, atomique, etc. jusqu’à quand ? l’IA va aussi contribuer à augmenter les ressources énergétiques nécessaires pour garder la disponibilité de ses services 24/7.
Qui détient l’information détient le pouvoir ? Mais l’information n’est pas le savoir. Actuellement l’information transite essentiellement via les canaux internet tout comme la (cyber)criminalité, la propagande et les fake news. A nous de savoir discerner ce qui est utile, filtrer, distinguer l’information qui a comme but de nous influencer sans aucun approfondissement. Si la plebe commence à utiliser les réseaux sociaux comme seule source d’information, nous allons devenir des vrai perroquets de ce système.
Maintenant on commence à penser sur comment réglementer l’IA. La plupart de sites web, e-commerce, etc. ont la clause conforme des respects de la vie privée RGPD / LPD des utilisateurs , mais uniquement en Europe. Les Big Tech US dictent la Loi, tout comme les banques, elle sont “to big to fail“. On est loin de la souveraineté numérique en Europe et en Suisse.
Une approche “anthrotechnologique” des médias sociaux (Asma Mhalla, auteur du livre “Technopolitique”)
Les nouvelles technologies génèrent la perte de lien et la perte du commun. Dans un système social, c’est le contraire du vivre ensemble. La façon dont les réseaux sociaux sont articulés et gouvernés, tout comme l’IA, ces outils atomisent, c-a-d. qu’au bout d’un moment à force de “bien vous connaître” et de vous pousser des contenus qui sont pile sur mesure sur vos “émotions”, vos “colères”, vos “doutes”, vos envies et vos désirs (“profiling”), cette singularité qui est la vôtre n’est pas la mienne. A un moment donné, votre réel au fur du temps ne sera plus le mien (…). Comment fait-on un projet de société collective si mon réel n’est plus le vôtre (…) Ces boîtes tech privées, avec leur statut, elles deviennnet “antidémocratiques”.
Sources: Asma Mhalla:
- “RTS: Les géants de la tech ont une aversion idéologique assez viscérale pour la démocratie“
- “Est-on prêt pour l’Intelligence artificielle ?“
- “Asma Mhalla : podcasts et actualités“.
- “CyberPouvoirs France Inter Apple Podcasts“
AI Act – Loi sur l’IA de l’Union européenne, un demi-échec comme le RGPD / LPD ?
L’IA, du moins en Europe, aura sa propre réglementation. La réponse est à la fois simple et complexe. Tout d’abord, les technologies antérieures ont déjà été “réglementées”. Ce qui peut-être manque encore, c’est la mise à jour des Lois, étant donné que le numérique a des échelles de vitesses différents. Sur le plan juridique, cependant, des concepts tels que la diffamation ou la violence verbale étaient déjà codifiés. Deuxièmement, il y a aussi une “différence purement technique”.
Les réseaux sociaux ont pu, et peuvent, influencer nos vies et peut-être la “démocratie”. L’AI, par nature, prend des décisions autonomes.
Mais qu’adviendra-t-il de l’homme si tous les aspects de notre vie quotidienne peuvent être décidés par des machines ?
Les décisions qu’ils peuvent prendre sont en effet très larges. Mais c’est là que s’ouvre un autre front problématique. En effet, sur la base de quelles données l’intelligence artificielle peut-elle produire un contenu donné ? Les modèles de langage (“patterns“), tels que ChatGPT, fonctionnent différemment: ils collectent un flot de données, le digèrent comme les ingrédients d’une soupe, et finalement les suppriment. D’autres questions viennent alors à l’esprit : qui est derrière tout cela ? Qui décide de ce qui est “bien ou mal” dans la formation d’une machine ? Et les préjugés ? Les entreprises elles-mêmes, face à ces questions, ne peuvent souvent pas y répondre : car ces systèmes sont des véritables réseaux neuronaux qui ont transformé les données et la façon dont on divulgue l’information“.
La nécessité de réguler l’intelligence artificielle découle-t-elle du risque qu’elle échappe à notre contrôle ? Dans le cas de l’intelligence artificielle, nous ne connaissons pas le contenu des schémas de langage. Il y a, en outre, un dilemme “éthique” et de responsabilité. Qui porte le fardeau d’une décision effectuée par la machine ? Une réglementation est également nécessaire pour les questions de droits d’auteur. Si l’intelligence artificielle peut produire certains contenus, c’est parce qu’elle a digéré le travail de l’homme. Et ce travail a été digéré à travers un ensemble de données, le plus souvent sauvages, normalement protégées par le droit d’auteur. Ou, pire, en exploitant des données sensibles. Les nôtres.
Mais pourquoi les États-Unis semblent-ils privilégier l’aspect économique de l’intelligence artificielle plutôt que la nécessité de réguler le secteur ?
Parce qu’en fait, ils détiennent l’infrastructure et, en général, une autre force disruptive et stratégique. Après avoir été les maîtres de l’Internet et du numérique, les USA sont aussi, à présent, les maîtres de l’IA.
Même si l’on pourrait réglementer l’industrie du numérique, de nos jours, la langue c’est comme une passoire : on a beau essayer de boucher tous les trous, il y a toujours quelque chose qui passe à travers, qui fuit. Sur TikTok, dont l’origine remonte au gouvernement chinois, et Pékin n’est certainement pas un allié de Washington, des milliards de personnes reçoivent des contenus produits par un État ouvertement hostile à l’Amérique. Même cela, à sa manière, constitue une “ingérence“. Il est désormais impossible de revenir en arrière.
Ce que l’on pourrait faire, en tant qu’institution, c’est encourager la prévention, la conscience numérique et la divulgation. Quand on connaît les risques que l’on court, on peut par conséquent mieux se protéger. Même face aux arnaques et aux cybercrime, qui fonctionnent avec certains mécanismes psychologiques: le maillon faible c’est toujours nous.
PM/CTO @DIGITALABS, March 4, 2024